Initiative de journalisme local
Sainte-Anne-de-la-Pérade – À l'issue de la première journée de pêche aux petits poissons à Sainte-Anne-de-la-Pérade vendredi, les sourires s'affichaient sur tous les visages, qu'ils soient visiteurs ou organisateurs, alors que débutait la 83e saison, une édition qui passera assurément à l'histoire pour toutes les raisons du monde. D'abord, en raison de la pandémie, évidemment, qui a apporté son lot d'ajustement pour l'organisation, mais aussi par le fait qu'il s'agira fort probablement de la saison de pêche la plus courte de l'histoire et enfin, parce que l'événement 2021 se déroulera presque dans l'intimité puisque seulement 120 chalets prendront racine sur le rivière d'ici le 21 février. Lors du passage du Nouvelliste, quelque 90 chalets avaient déjà été installés et l'exténuant travail se poursuivait. «Ça a été un marathon, mais là, on est dans le dernier 100 mètres», image le président de l'Association des pourvoyeurs de la rivière Sainte-Anne, Steve Massicotte. Bien que les travaux ait été réalisés en un temps record, les conditions ne sont pas encore toutes réunies afin d'assurer le roulement à plein régime des activités. «Pour la première fin de semaine, il n'y aura pas de circulation automobile. La glace est actuellement à 12 pouces d'épaisseur, on aimerait qu'elle atteigne 15 à 18 pouces idéalement, alors nous resterons prudents», explique M. Massicotte. Ce dernier souligne que l'intérêt de la part des touristes est très présent, alors que les places s'envolent rapidement. «Les gens doivent réserver. Il reste encore des places. Il y a beaucoup de poisson actuellement», souligne le président, qui se réjouit de constater l'intérêt renouvelé des visiteurs de la Mauricie et du Centre-du-Québec pour l'événement. «Il y a des gens du coin qui appellent et qui disent ''je suis de la région, mais je ne suis jamais venu''. Ça, ça nous met le sourire au visage», confie-t-il. Les commerçants prudents Bien qu'habituellement heureux de voir les touristes débarquer chez eux en grand nombre, les commerçants de Sainte-Anne-de-la-Pérade font preuve de prudence dans les attentes qu'ils entretiennent cette année. Tellement, que certains ont carrément choisi de fermer leurs portes et de passer au prochain appel. C'est le cas de Daniel Hardy, copropriétaire du Gîte et café bistro de la tour. «Tant mieux s'il y a de la pêche, mais pour nous, c'est loin d'être payant, ça mange de l'argent», concède-t-il. «Ce serait tellement peu, il saison durera à peine trois semaines. Et la santé, c'est plus important que l'argent», ajoute M. Hardy. À la SAQ locale, le gérant Philippe Marchand avouait qu'il serait difficile pour lui d'effectuer des prédictions sur les ventes à prévoir. «C'est difficile de dire ce que ça donnera. On va attendre que ça commence pour vrai et que les gens y aillent. Dans une semaine, on aura un meilleur aperçu», s'est-il contenté de mentionner. Au marché d'alimentation Métro, le gérant Michel Lemay soutient pour sa part que la hausse de la demande pour certains produits aide considérablement à éponger le manque à gagner que pourrait générer une pêche aux petits poissons plus timide. «C'est très particulier comme année, je ne m'attends pas à ce qu'on ait beaucoup de pêcheurs qui viennent nous voir, surtout aussi, qu'il y a moins de pourvoyeurs. Mais c'est certain que présentement, on constate une baisse des ventes de certains produits, comme les mets cuisinés ou la bière, qui sont en diminution.» Pour M. Lemay, même si tous les Péradiens ne sont pas d'accord sur la tenue ou non des activités, il est important pour son commerce de continuer à s'impliquer. «C'est très déchirant pour le village. On continue avec eux, on demeure des partenaires de l'événement parce que ça nous tient à coeur», avoue-t-il, précisant qu'il s'attend à des retombées qui vont s'avérer bien différentes des autres années. Une sortie qui fait du bien Les visiteurs qui avaient déjà pris place vendredi avouaient tous de concert que cette activité ferait le plus grand bien à la famille. «On a du plaisir. Ça nous fait plaisir, aussi. Les activités sont très limitées. On en profite pour faire bouger les jeunes. Je trouve que l'organisation fait bien les choses. C'est une adaptation, mais c'est le fun, ça mord», souriait Mathieu Roy, un pêcheur de Trois-Rivières, qui déploie sa ligne depuis plus de 30 ans. Pour la famille Thériault de Laval, dont il s'agissait de la première expérience, l'activité permet de changer d'air. «Ça ne mord pas encore beaucoup à date, mais ça nous permet de changer d'air. Ça fait du bien», souligne la maman Sandra Niquet. «À date, on aime bien ça», ajoute son conjoint Daniel Thériault. Pour la famille d'Hatim, en provenance de Repentigny, c'est la quatrième présence à Sainte-Anne-de-la-Pérade. «Ça se passe bien. Ça soulage un peu», sourit le papa de deux enfants. Directement débarqués de Kingsey Falls, au Centre-du-Québec, la famille de Jean-Philippe Turcotte et Karelle Giroux profitait de la journée pédagogique à l'école pour passer un bon moment ensemble. «Ça mord bien! Ça fait du bien aussi d'avoir une activité. On en profite», soulignait le papa dont c'était la troisième année sur la rivière. Les Quinta-Machado ont fait la route de Montréal pour parfaire leur technique de pêche. «L'an dernier, on a pêché 529 poissons», sourit la maman, Isabel Quinta. «C'est un peu différent cette année. Il y a moins de poisson, mais ça se fait bien, tout est nettoyé, tout est propre. C'est devenu nécessaire, une activité en famille», confiait-elle. Quant à elle, Sandra Nadeau, copropriétaire du Centre de pêche Grimard, raconte que les grandes cabanes de pêche de cette entreprise n'ont tout simplement pas été installées cette année, puisqu'il était inutile de mettre en place une cabana qui peut accueillir 20 personnes pour une bulle familiale seulement. «On a douze de nos dix-sept cabanes d'installées. Il faut s'assurer de désinfecter en profondeur. Même s'il n'y aura pas les activités habituelles, nous affichons complet pour les trois prochaines fins de semaines», s'est-elle au moins consolée.Marc-André Pelletier, Initiative de journalisme local, Le Nouvelliste