Covid-19 de longue durée : qui est à risque ?

<span class="caption">Les symptômes de longue durée de la Covid-19, dont la fatigue, semblent plus fréquents chez les femmes.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
Les symptômes de longue durée de la Covid-19, dont la fatigue, semblent plus fréquents chez les femmes. Shutterstock

Chez la plupart des gens, une infection due au SARS-CoV-2 — le virus qui provoque la Covid-19 — se traduit soit par des symptômes bénins et de courte durée, une infection respiratoire aiguë, ou parfois sans aucun symptôme. Mais certaines personnes souffrent de symptômes de longue durée bien après l’infection : c’est ce que l’on nomme « la longue Covid ».

Les chercheurs poursuivent leurs études sur le phénomène. Il est mal compris malgré le progrès de nos connaissances.

Voici ce que nous savons jusqu’à maintenant — qui sont les personnes à risque, à quelle fréquence se produit-elle, et quels en sont les impacts.

En définissant la population à risque de la longue Covid ainsi que les mécanismes qui la provoquent, nous pourrions découvrir des traitements adéquats — ou peut-être certains gestes préventifs en début de maladie qui permettraient de mieux la circonscrire.

Une fragilité assez étendue

Les symptômes de la longue Covid sont nombreux. Parmi eux, essoufflement, fatigue, maux de tête, perte du goût et de l’odorat, tout cela à des niveaux variables. Une vaste étude portant sur 384 personnes hospitalisées avec la Covid a mis en évidence, lors d’un suivi un à deux mois plus tard, que 53 % d’entre elles manquaient de souffle, parmi lesquelles 34 % toussaient et 69 % étaient fatiguées.

De fait, une analyse préliminaire des données recueillies par des bénévoles utilisant l’application « COVID Symptom Study App » nous ont permis de déterminer que 13 % des individus présentant des symptômes de Covid-19 les avaient pendant plus de 28 jours, alors que 4 % des répondants présentaient encore des symptômes après 56 jours.

C’est sans surprise que l’on constate que les cas les plus sévères, c’est-à-dire présentant plus de cinq symptômes, semblent être plus prédisposés à la longue Covid. Un âge avancé chez les personnes de sexe féminin serait également un facteur de risque de symptômes prolongés, ainsi que le surpoids.

Les utilisateurs de l’application semblent faire partie des personnes en meilleure forme, et qui s’intéressent aux enjeux de la santé. Il est donc surprenant de trouver dans cette population un taux aussi élevé de symptômes un ou deux mois après l’infection initiale. À priori, il ne s’agit pas là d’une population particulièrement vulnérable à la Covid.

<span class="caption">Même des personnes en pleine forme peuvent se retrouver stoppées dans leur élan.</span> <span class="attribution"><a class="link " href="https://www.shutterstock.com/image-photo/tired-young-woman-resting-after-jogging-1432699256" rel="nofollow noopener" target="_blank" data-ylk="slk:Rido/Shutterstock;elm:context_link;itc:0;sec:content-canvas">Rido/Shutterstock</a></span>

Une autre étude préliminaire (en attente d’évaluation par les pairs) suggère que le SARS-CoV-2 pourrait également affecter les organes vitaux sur le long terme. Mais le profil de la population sur laquelle ces tests ont été conduits est différent de celui des utilisateurs de l’application.

Sur l’échantillon de 200 personnes guéries de la Covid-19 analysé dans cette étude, on a trouvé des insuffisances légères au niveau du cœur sur 32 % des patients, au niveau des poumons sur 33 % des patients, et sur 12 % des patients en ce qui concerne les reins. Des dégâts sur plusieurs de ces organes ont été observés chez 25 % des patients.

La moyenne d’âge des patients de cette étude était de 44 ans : il s’agit donc d’un échantillon représentatif d’une population jeune et active. Parmi ceux-là, on ne comptait que 18 % d’hospitalisations, ce qui implique que les atteintes aux organes vitaux peuvent tout aussi bien survenir dans des cas d’infections mineures. Des conditions préexistantes, telles que le diabète de type 2 et les insuffisances coronariennes ne semblent pas être des indicateurs préalables aux dégâts constatés sur les organes vitaux.

Découvrir ce qui se passe

Il y a bien des raisons pour expliquer que des symptômes puissent perdurer des mois après une infection virale en période de pandémie. Mais aller au fond des choses sera chose plus facile dans certains cas que dans d’autres.

Lorsque les symptômes nous orientent vers un organe précis, l’enquête est relativement facile. Les praticiens peuvent examiner le flux électrique autour du cœur lorsque le patient souffre de palpitations. Ils peuvent également évaluer les fonctions pulmonaires — élasticité et échanges gazeux — lorsque l’on constate un essoufflement. Pour déceler une détérioration des fonctions rénales, les composantes du plasma sanguin sont comparées avec celles de l’urine afin de mesurer la capacité de reins à éliminer les déchets.

Il est bien plus difficile d’évaluer les symptômes de fatigue. Une autre étude récente à grande échelle démontre que ces symptômes sont courants après avoir contracté la Covid-19 et qu’ils se produisent dans plus de la moitié des cas — sans rapport avec la sévérité de la maladie.

De plus, ces examens ont révélé que les patients observés ne présentaient pas un niveau élevé d’inflammation, ce qui suggère que leur fatigue ne résultait pas d’une infection persistante ni du fait que leur système immunitaire aurait fait des heures supplémentaires. Les antécédents pour ces symptômes de longue durée incluaient le fait d’être du sexe féminin, et fait intéressant, d’avoir précédemment été diagnostiqué pour de l’anxiété et de la dépression.

<span class="caption">La fatigue est le symtôme le plus répandu de la longue Covid.</span> <span class="attribution"><a class="link " href="https://www.shutterstock.com/image-photo/depressed-woman-awake-night-she-touching-1285836274" rel="nofollow noopener" target="_blank" data-ylk="slk:Stock-Asso/Shutterstock;elm:context_link;itc:0;sec:content-canvas">Stock-Asso/Shutterstock</a></span>

Si les hommes sont plus à risque de contracter un cas grave d’infection, le fait que les femmes soient plus sensibles à la forme longue de la Covid pourrait être relié à des différences ou des changements hormonaux.

Le récepteurACE2 que le SARS-CoV-2 utilise pour infecter le corps se retrouve non seulement à la surface des cellules respiratoires, mais également sur les cellules de plusieurs organes producteurs d’hormones, dont la glande thyroïde, les glandes surrénales, et les ovaires.

Certains symptômes de la longue Covid se chevauchent avec ceux de la ménopause, et il se peut que les hormones de remplacement offrent une piste de solution permettant de diminuer l’impact des symptômes. Il sera cependant nécessaire de mener des études cliniques afin de valider la sécurité et l’efficacité de cette approche. Des initiatives ont déjà été prises en ce sens.

Avec tout ce qui s’est produit durant l’année écoulée, il nous faudra apprendre à séparer ce qui relève du virus en tant que tel et ce qui pourrait être la conséquence des énormes perturbations sociales que cette pandémie nous a fait vivre. Il est cependant clair que les symptômes à long terme liés à la Covid-19 sont fréquents et que des recherches sur les causes et les traitements de longue Covid seront nécessaires longtemps après que l’épidémie ne soit maîtrisée.

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation, un site d'actualités à but non lucratif dédié au partage d'idées entre experts universitaires et grand public.

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