Initiative de journalisme local
Si Maya Imbeault ne peut aider qu’une seule personne, en publiant ses photos et des messages prônant l’importance de la diversité corporelle sur Instagram, elle en sera ravie. En s’affichant, la jeune femme de 19 ans de Dolbeau-Mistassini, qui vit maintenant à Jonquière, souhaite simplement que d’autres se sentent mieux dans leur corps. Selon l’étudiante en éducation à l’enfance, il n’est pas facile pour personne de se sentir bien dans son corps. Celle qui utilise l’application Instagram depuis cinq ans tient à aider, à sa façon, les jeunes filles de son âge. Son objectif : normaliser les différents types de corps et montrer aux gens qu’ils sont beaux tels qu’ils sont. Elle propose donc un autre modèle de beauté, alors que la majorité des photos montrent de jeunes femmes très minces. « Je trouve ça important que les gens voient qu’il n’y a pas qu’un type de personne qui représente la beauté dans la vie », rapporte-t-elle, dans un entretien par visioconférence avec Le Progrès. Un peu plus d’un millier d’internautes sont abonnés à la page de Maya Imbeault, @maymayimbo, et la jeune femme reçoit souvent le compliment qu’elle est courageuse de s’affirmer de la sorte. Elle ne fait toutefois que publier des photos, comme toutes les autres femmes, plus minces, qui ne reçoivent pas ce genre de commentaires. Néanmoins, elle se considère chanceuse de recevoir des commentaires positifs, dans une très forte proportion. « Je reçois beaucoup de commentaires différents. Il y en a qui sont impressionnés, d’autres qui trouvent ça inspirant et certains me trouvent dégueulasse. Il y en a encore trop qui font des remarques corporelles négatives. Mais la plupart des gens qui me suivent, ils le font parce qu’ils le veulent, et ce n’est donc pas pour me bitcher », témoigne-t-elle. Confiance en soi Quand on regarde le profil de la jeune femme, elle semble respirer la confiance en soi. Selon elle, c’est la danse, surtout les compétitions, qui lui a permis de développer cette force. Elle a pratiqué le sport pendant plus de 10 ans. Malgré des costumes parfois révélateurs, la danseuse ne portait pas attention aux corps des autres. Elle se concentrait plutôt sur sa performance. « J’ai toujours été plus ronde que tout le monde. Ç’a toujours été une normalité chez moi. J’avais un grand talent dans mon corps à moi et je ne me posais pas de questions par rapport à ça. Je ne me demandais pas si mon corps était correct ou pas. Moi, je l’ai toujours trouvé correct », continue Maya Imbeault. Son entourage l’a aussi beaucoup aidée à garder cette confiance en elle. Bien accompagnée, elle n’a jamais souffert d’intimidation sérieuse, si bien qu’au secondaire, les rares commentaires sur son physique ne l’atteignaient pas vraiment. Pour ceux qui aimeraient se sentir plus en confiance, Maya Imbeault avoue qu’il n’y a pas de recette magique, que la confiance en soi se gagne avec les années. Elle recommande de se détacher des commentaires et des comparaisons avec les autres. « Il faut aussi que tu te trouves un modèle dans la vie, qui est semblable à toi. Si cette personne est belle avec son corps, qui ressemble au tien, c’est que tu es beau, toi aussi », conseille la jeune femme. Elle ajoute qu’il y aura toujours des personnes pour dire des commentaires sur les autres, et qu’il ne faut pas s’y arrêter. Un style unique Les abonnés de Maya Imbeault sont habitués de la voir dans des looks urbains, extravagants et colorés. Cette dernière souhaitait d’ailleurs devenir designer de mode, avant de changer d’idée, pour se diriger vers l’éducation à l’enfance. Toutefois, la mode a toujours été une grande passion pour la fashionista et continue de l’être. Son style original a d’ailleurs été remarqué par plusieurs entreprises du domaine. Forever 21 Plus et Fashion Nova Curve, des entreprises mondiales de la mode pour jeunes filles, qui sont suivies par des milliers d’abonnées, ont republié des photos de la Dolmissoise, sur leur stories ou sur leur fil d’actualité, ce qui la rend très fière. Pour la suite, la jeune femme, qui réside aujourd’hui à Jonquière, tient à poursuivre sa mission, sans trop regarder le nombre de ses abonnés ou ses mentions « J’aime ». « Quand je publie un message, je ne le fais pas pour obtenir 40 000 abonnés ou 10 000 “J’aime”. S’il y a sept personnes qui se sentent mieux et qui l’apprécient, c’est pour ces sept-là que je le publie », souligne-t-elle. \+ OCCUPATION DOUBLE PEUT EN FAIRE PLUS L’émission Occupation Double a fait couler beaucoup d’encre, cet automne, au sujet de la diversité corporelle. Pour la première fois, une candidate plus ronde avait été choisie pour faire partie de l’émission, la Saguenéenne Julie Munger. Maya Imbeault, qui a ce sujet à coeur, ne considère pas que l’on doit des éloges à l’émission. « Je ne crois pas que de choisir une femme ronde, avec dix autres mannequins, c’est de la diversité corporelle. Il n’y avait aussi que des garçons pareils », laisse-t-elle tomber. Elle a toutefois grandement aimé voir la Saguenéenne à l’écran et l’a trouvée très belle. Elle est heureuse que Julie Munger n’ait pas eu peur de s’affirmer et qu’elle ait profité de son expérience au maximum, à ses yeux de téléspectatrice. Elle reconnaît que cette présence a apporté un point de diversité corporelle, mais estime que l’émission devra en faire plus pour bien intégrer cet enjeu.Myriam Arsenault, Initiative de journalisme local, Le Quotidien