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Félix, 10 ans : « Pourquoi ne mange-t-on pas les morts ? »

<span class="caption">Illustration de la fête des morts au Mexique.</span> <span class="attribution"><a class="link " href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/day-dead-traditional-mexican-halloween-dia-734758951" rel="nofollow noopener" target="_blank" data-ylk="slk:ProStockStudio / Shutterstock;elm:context_link;itc:0;sec:content-canvas">ProStockStudio / Shutterstock</a></span>

Tout le monde connaît les ogres dans les contes de fées, comme dans le « Chat Botté » ou « Le Petit Poucet » : ce sont des géants très forts, qui adorent la chair fraîche et dévorent les enfants.

Ces monstres de légende n’existent pas bien entendu, mais il y a dans l’histoire et dans les mythes de nombreuses représentations liées au fait de manger de la chair humaine : on appelle cela le cannibalisme.

Le cannibalisme, cela veut dire manger les individus de la même espèce. Dans la nature, c’est en réalité assez rare : il existe environ 5 700 espèces de mammifères sur Terre, et seules 75 espèces pratiquent le cannibalisme (on les appelle les cannibales) : par exemple les rats.

Le cannibalisme est fait par instinct ou par nécessité la plupart du temps : par exemple, lorsque la ruche est en danger, les abeilles mangent les larves pour pouvoir survivre. D’autres insectes et animaux, comme certaines araignées ou criquets, dévorent la tête ou les ailes du mâle lors de la reproduction : c’est pour avoir suffisamment d’énergie pour pouvoir ensuite pondre les œufs.

Encore récemment, certaines croyances existaient dans quelques rares tribus en Amazonie ou en Océanie : si on mange un mort ou une partie de lui, on s’approprie sa force. Dans la tribu des Foré en Nouvelle-Guinée, jusque dans les années 1950, on mangeait différentes parties du corps humain des morts pour gagner leur vigueur physique et spirituelle, lors de rituels funéraires.

Ainsi, manger les morts permettait de prendre une partie d’eux ou de s’assurer qu’ils ne se dressent pas contre nous.

Pourquoi on ne mange pas les morts

Depuis très longtemps, la mort nous fait peur : parce qu’on ne sait pas ce qu’il se passe après, parce que nous ne serons plus vivants avec ceux qu’on aime. À une certaine époque en France, et encore dans certaines cultures, aujourd’hui, on croit que les esprits des morts viennent rendre visite aux vivants : pour les guider, leur parler, ou les hanter. Dans la tradition vaudou au Bénin par exemple, les Egunguns sont des assemblages de bois et de tissus brodés qui représentent l’esprit des morts.

La fête d’Halloween célèbre cette croyance. Il y a 2 500 ans, dans la tradition celte, on fêtait le Dieu des Morts, Samain, le 31 octobre. Cette nuit-là, la croyance disait que les esprits des morts revenaient parmi les vivants et on faisait des offrandes devant les maisons pour les apaiser. Aujourd’hui, on se déguise en sorcière et en vampire pour représenter les esprits des morts, et les offrandes sont devenues des bonbons, que nous donnent les habitants des maisons de peur que nous leur jouions un tour !

Dans la plupart des religions dans le monde, on croit en une forme de vie après la mort : le Paradis par exemple. Pour qu’une personne morte gagne la vie éternelle, on laisse son corps dans la terre, sans le toucher.

Les anciens Égyptiens, par exemple, étaient très célèbres pour leurs cérémonies funéraires ; on recouvrait le corps de bandelettes, pour en faire une momie, afin qu’il soit conservé quand il entrait dans le Royaume des Morts.

Ces cérémonies religieuses étaient réalisées pour marquer le respect qu’on avait de la personne : on faisait des offrandes (c’est-à-dire des cadeaux) de bijoux et de nourriture pour accompagner le passage du mort vers l’Au-delà, qui est le monde après la mort. Il est encore aujourd’hui très mal vu de voler les tombes de leurs offrandes : on appelle ces voleurs des profanateurs, car ils ne respectent pas le sacré lié à la mort.

Cela veut dire que depuis très longtemps, on laisse les morts reposer en paix : on préserve et protège leur corps, en les enterrant pour ne pas qu’ils se fassent dévorer par des animaux.

Dans nos lois en France, le respect de la personne ne s’arrête pas avec la mort : cela veut dire qu’il ne faut pas infliger à un mort, ce qu’on ne lui ferait pas de son vivant : le manger par exemple ! Cette loi existe pour protéger les corps et leur dignité, même après leur mort.

As-tu déjà vu une pierre tombale ? C’est une grande pierre qui marque l’endroit où une personne est enterrée, comme nos arrière-grands-parents par exemple. On dispose cette pierre par respect pour la personne, et pour ceux qui souhaitent venir se recueillir et se souvenir. On dit, encore aujourd’hui, que les gens qui sont morts existent encore dans notre souvenir. Ainsi, si on les mangeait, il ne resterait plus rien à enterrer, et aucun endroit où se recueillir.

Il existe de nombreuses fêtes religieuses et culturelles en l’honneur des morts pour marquer notre respect et notre amour pour leur mémoire : la fête du jour des Morts (le 2 novembre) est une célébration très importante au Mexique. Pendant 2 jours, les familles se retrouvent et honorent leurs morts dans la joie, nettoient et décorent leurs tombes. C’est un moment très convivial. Le dessin animé Coco est un bon exemple de cette fête, et nous montre tout le respect qu’on adresse à nos morts.

Nous aimons les gens quand ils sont en vie : nous les respectons, nous voulons qu’ils restent entiers, présents avec nous. Alors, comme nous vous l’avons expliqué dans ce texte, nous ne pouvons pas les manger car ils disparaîtraient de nos cœurs…


 <span class="attribution"><a class="link " href="https://www.dianerottner.com/" rel="nofollow noopener" target="_blank" data-ylk="slk:Diane Rottner;elm:context_link;itc:0;sec:content-canvas">Diane Rottner</a>, <a class="link " href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/" rel="nofollow noopener" target="_blank" data-ylk="slk:CC BY-NC-ND;elm:context_link;itc:0;sec:content-canvas">CC BY-NC-ND</a></span>

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La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation, un site d'actualités à but non lucratif dédié au partage d'idées entre experts universitaires et grand public.

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